Des documents récemment communiqués montrent que le gouvernement conservateur savait que le Programme de travailleurs étrangers temporaires a été à l’origine des pressions sur l’emploi des jeunes presque un an avant la réforme du programme. Dans une note d’information d’août 2013 pour le ministre de l’emploi Jason Kenney, les fonctionnaires du ministère ont averti que les industries qui emploient couramment des jeunes Canadiens sont aussi parmi les employeurs qui embauchent le plus des travailleurs étrangers temporaires.
Le document, préparé peu de temps après Kenney a été nommé au Ministère, prévoit que « Cinq des six principales industries qui emploient la plupart des jeunes étaient également dans la moitié supérieure des utilisateurs du Programme (des travailleurs étrangers temporaires). »
Les critiques du Programme des travailleurs étrangers temporaires craignent que les employeurs embauchent des travailleurs étrangers à des salaires bas, plutôt que des travailleurs canadiens. Le bureau de Kenney a afirmé que les réformes adoptées en juin 2014, presque un an après la séance d’information interne, ont traité spécifiquement cette question.
Les industries énumérées comme embauchant une forte proportion de jeunes et de travailleurs étrangers comprennent l’hébergement et la restauration, la construction, les industries culturelles et de l’information, ainsi que des « autres services » non spécifiés.
Les documents internes ont été obtenus par le Nouveau Parti démocratique en vertu du droit d’accès à l’information. Selon le NPD, les documents prouvent que les conservateurs au pouvoir étaient au courant des problèmes avec le Programme des travailleurs étrangers temporaires, en particulier les questions liées à l’emploi des jeunes, mais n’ont rien fait jusqu’à la révélation des abus du système par les médias.
Alexandra Fortier, le directeur des communications de Kenney, a contesté les allégations de l’opposition en disant que la refonte du système en juin 2014 a abordé directement la question des employeurs qui embauchent des travailleurs étrangers à bas salaires en lieu des jeunes Canadiens.
Les documents prévoient que l’exclusion des jeunes des postes de débutants retarde le développement des compétences dites « non-cognitives » que les gens apprennent en cours d’emploi: l’autogestion, le travail d’équipe, la persévérance et la résolution de problèmes, entre autres.
Le taux national de chômage des jeunes était de 13,3 % en décembre, le même que l’année antérieure, et presque le double du taux de chômage national de 6,6 %. En 2012, le Canada est passé près de la moyenne pour le chômage des jeunes parmi les pays de l’OCDE, avec 20,1 % pour ceux âgés de 15 à 19, et 11 % pour ceux de 20 à 24 ans. Certains groupes d’âge font face à des taux de chômage plus élevés, y compris les jeunes Autochtones (20,9 %), les jeunes immigrants récents (22,7 %) et les jeunes handicapés (23 %).