Les scandales récents concernant le programme des travailleurs étrangers temporaires ont laissés plusieurs Canadiens amers. En ce moment, les chercheurs de l’Université Ryerson, en partenariat avec le prestigieux Migration Policy Group, mettent à jour le Migration Policy Effectiveness Index (MIPEX) pour le Canada. Cet outil compare et classe les pays en se basant sur leurs politiques d’immigration. Le Canada se trouvait parmi les trois premiers pays du MIPEX en 2011, mais l’équipe de l’Université Ryerson a fait plusieurs découvertes étonnantes sur les procédures canadiennes. En effet, se distançant grandement des politiques canadiennes précédentes, innovatrices sur plusieurs points, un nouveau système a vu le jour, dévoué aux employeurs et traitant les immigrants comme des travailleurs bon marché.
En se référant au Immigration Act de 1967, le Canada a commencé à sélectionner les immigrants sur la base de plusieurs caractéristiques, dont leur éducation, leur expérience de travail et leur connaissance du français et de l’anglais. Pour mettre fin au racisme qui dominait les procédures précédentes et imposer une certaine transparence, un système de pointage a été mis en œuvre. Ce système a eu un très bon taux de succès et a rapidement gagné le respect de plusieurs autres pays, certains le considérant même comme un modèle pour leurs propres politiques d’immigration.
Malheureusement, si le gouvernement en place continue dans ses démarches, le système de pointage disparaitra du Canada avant 2015 et sera remplacé par l’ « Express Entry », une banque d’emplois servant le gouvernement et les industries et créant des liens entre les futurs immigrants et les employeurs.
L’Immigration Act de 1967 souligne l’importance de la famille en s’assurant que les immigrants puissent parrainer leurs épouses, enfants, parents et grands-parents. Un système totalement différent entrera en vigueur, exigeant un revenu minimal 30% plus élevé de la part des familles immigrantes souhaitant parrainer leurs proches. Alors que les immigrants offrent présentement un support à leurs proches parrainés pour une période de 10 ans, le nouveau système imposera une période de 20 ans. De plus, une limite de 5000 parrainages par année sera imposée.
Le gouvernement conservateur n’a pas seulement rendu l’entrée au Canada plus ardue, mais aussi la possibilité de devenir un citoyen Canadien et de rester au pays. Le Citizenship Bill C-24, présentement étudié devant le Parlement, augmente l’obligation de résidence de trois vers quatre ans, triple les frais des demandes, retire le droit d’appel face à une décision d’attribution de citoyenneté négative, révoque la citoyenneté des personnes naturalisées lorsqu’un fonctionnaire doute de leur intention de résider au Canada et retire la double nationalité des citoyens accusés de certains crimes, même si les infractions n’ont pas été commises au Canada.
Des changements aussi radicaux aux politiques d’immigration requièrent un débat national complet et transparent. Est-ce que la contribution économique devrait être le seul critère de sélection d’immigrants?
Les Canadiens doivent réfléchir et se demander s’ils veulent vraiment laisser des motivations aussi pragmatiques prendre le dessus sur les considérations éthiques.
Source : The Star