Deux économies étroitement liées, mais deux reprises très différentes: c’est ce que vous obtenez lorsque vous comparez la performance du Canada à celle des États-Unis au cours des dernières années.
Selon Douglas Porter, économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, la différence la plus notable entre les États-Unis et le Canada est la performance très divergente des deux marchés de l’emploi depuis la crise financière qui a éclatée il y a sept ans.
Dans la période de 2007 à 2011, le Canada a réussi beaucoup mieux que les Etats-Unis par rapport à la croissance de l’emploi. Toutefois, depuis 2013, c’est aux États-Unis que l’on peut voir les meilleurs chiffres. Pour comprendre la différence, il est utile de revenir sur les années écoulées depuis le début de la récession. Le gouvernement du Canada a réagi rapidement à la récession avec des programmes de relance massifs pour soutenir l’emploi. En revanche, les gouvernements étatiques et locaux américains ont dû mener des politiques très austères qui ont fragilisé la reprise au sud de la frontière.
La politique budgétaire n’était pas la seule différence. Le marché du logement dans ce pays a été frappé beaucoup moins durement que celui des Etats-Unis et s’est remis plus rapidement de la récession. Le secteur bancaire était en bien meilleure forme, de ce côté de la frontière, maintenant son niveau de prêts hypothécaires alors que les emprunteurs ont répondu avec enthousiasme à des taux d’intérêt extrêmement bas.
Aux États-Unis, par comparaison, le logement a pris le choc du coup de la récession, en baisse constante à travers la période de 2007 à 2011, au milieu des conditions de crédit serrées qui ont gardées les acheteurs loin. Les ventes d’automobiles canadiennes sont retournées à la normale peu de temps après la fin de la récession, tandis que les ventes d’automobiles aux États-Unis reviennent seulement maintenant à des niveaux d’avant la récession.
Pris ensemble, les secteurs du logement, les dépenses de consommation et du gouvernement ont tendance à être riches en emplois et à améliorer la productivité. Donc, lorsqu’ils ont commencé à s’améliorer, l’emploi a augmenté dans tous les trois. Aujourd’hui, la situation est un peu différente, puisque le Canada accuse maintenant un retard sur le rythme de création d’emplois des Etats-Unis. Une des raisons est que ce pays a appris à compter beaucoup plus sur les exportations pour alimenter sa récupération.
Le secteur des exportations est souvent lié à des investissements dans les équipements et la fabrication, qui tendent à améliorer la productivité et une création d’emplois plus faible. Ainsi, alors que nous avons eu une croissance économique respectable, les chiffres de l’emploi, ces derniers temps, ont été décevants.
Le résultat a été des gains d’emploi solides sans une croissance particulièrement forte du PIB, jusqu’à présent. Le meilleur pour les Etats-Unis pourrait être encore à venir comme ils se rattrapent. Les Etats-Unis vont nous rattraper sur la croissance économique pendant un certain temps et devraient voir un taux d’emploi beaucoup plus ferme et sans doute, une meilleure croissance du PIB.
La Réserve fédérale est susceptible de commencer à relever les taux d’intérêt américains l’année prochaine, au moins trois mois avant que le Canada le fasse. Cela devrait conduire à un dollar américain plus et un dollar canadien plus faible.
En ce qui concerne les stocks, l’amélioration de la productivité et des revenus, combinée à un retard dans le serrage de la Banque du Canada, devraient contribuer à-ce que le TSX reste stable. Par contre, la récente série de surperformance sera difficile à maintenir si l’économie américaine dépasse celle du Canada.
Une fois de plus, les deux économies sont susceptibles de suivre différentes pistes, alors que la reprise se déroule.
Source: Gazette de Montréal