Il est ironique que les attaques meurtrières de Paris puissent définir, ou à tout le moins, devenir une référence importante de l’histoire du premier ministre Justin Trudeau. Avec un comité du Cabinet de neuf ministres, le gouvernement est sous pression dès les premières heures de son mandat pour répondre aux préoccupations selon lesquelles sa plate-forme électorale appelant à l’admission de 25000 réfugiés syriens en fin d’année, puisse compromettre la sécurité des Canadiens. Fermer hermétiquement les frontières est une façon impulsive et politiquement opportuniste de répondre à des attaques terroristes. Les préoccupations en matière de sécurité, bien que valables, découlent en grande partie d’un manque de compréhension du statut de réfugié et du processus de sélection. Il serait irréfléchi d’utiliser les événements de Paris comme une raison d’infirmer ou de minimiser les politiques du gouvernement sur les réfugiés syriens qui font partie de la plus grande crise humanitaire du monde depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les pratiques de sélection des réfugiés du Canada sont bien ancrées dans la culture canadienne. Le dépistage et la sélection des réfugiés syriens cibleront un bassin de plus de 3,5 millions de personnes se trouvant dans les camps de réfugiés jordaniens, turcs et libanais et non pas le 1 million qui a traversé l’Europe sans obstacles. La grande majorité de ces camps sont des réfugiés enregistrés qui se sont opposés au régime d’Assad et ont fui la guerre civile violente de la Syrie, il y a longtemps.
La sélection de réfugiés syriens par les autorités canadiennes se fera typiquement en trois phases. La première, déjà en cours, commence avec l’entrée des représentants du Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, compétents dans les affaires syriennes qui procèdent aux entrevues des réfugiés enregistrés dans les camps. Les candidats sont soigneusement profilés et les gens ciblés pour réinstallation incluent ceux qui sont jugés vulnérables et excluent les candidats avec un souci d’implication directe ou indirecte dans les conflits précédents. La deuxième phase implique une longue entrevue avec un agent des visas canadien qui interroge chaque candidat et vérifie que les réponses données sont compatibles avec les faits connus. La troisième phase comprend un examen de la sécurité formelle par le SCRS, qui consiste à vérifier les profils des candidats avec des bases de renseignement et de multiples données locales et internationales. Seule une fraction des candidats initialement ciblés pour la réinstallation deviendra des réfugiés sélectionnés. Il est prévu que la majorité des réfugiés visés soient des femmes célibataires et les enfants qui présentent un risque négligeable pour le Canada. Les chances de manipuler le processus et de laisser entrer des terroristes, seraient réduites à un minimum.
Le gouvernement est désormais confronté au défi d’essayer de tenir sa promesse électorale sans compromettre la sécurité de la nation. De nombreux organismes du Canada impliqués ont la volonté de mener à bien cette grande entreprise, mais il n’y a pas de logique dans la poursuite d’un délai imposé politiquement pour la fin de l’année pour faire entrer 25.000 réfugiés, une tâche qui, même dans des conditions normales pose des défis évidents. Les défenseurs des réfugiés doivent soutenir les efforts du gouvernement pour mener à bien ce processus dans un délai raisonnable et non-officiellement prolongé.
En effet, un programme de réinstallation des réfugiés de cette taille n’a jamais été réalisé au Canada dans un si court laps de temps. Pour cela et pour d’autres raisons, le gouvernement doit envisager des mesures de sécurité supplémentaires pour surveiller les réfugiés une fois arrivés au Canada. À cette fin, la majorité des demandeurs d’asile syriens devraient recevoir des permis de séjour temporaires comportant des approbations conditionnelles du statut de résident permanent dépendant de leur qualification aux conditions de sécurité. Les conditions incluraient une déclaration obligatoire aux autorités d’immigration dans un court laps de temps après l’arrivée, et l’obligation de fournir des adresses résidentielles, l’identification électronique et d’autres informations biographiques. Les personnes admises au Canada seraient tenues de continuer à faire un rapport par la poste ou sur des portails en ligne, jusqu’à ce que les vérifications de sécurité aient été reconfirmées et jusqu’à l’obtention de la résidence permanente. Les candidats se révélant être des risques de sécurité seraient recherchés et arrêtés. À tout le moins, une surveillance post atterrissage et une production de rapports fournirait une certaine forme d’avertissement dans les cas où certains individus admis au Canada ne répondraient pas entièrement aux conditions de leur admission.
Il y a beaucoup de préoccupations soulevées par les opposants de ces politiques, mais elles sont en grande partie fondées sur une fausse perception selon laquelle l’accueil de réfugiés syriens apporte un risque accru de terrorisme au Canada. En fait, ce sont les réfugiés en provenance de Syrie, qui sont les personnes les plus touchées par le terrorisme et ne doivent pas être confondues avec les terroristes. Assimiler les réfugiés au terrorisme est moralement inacceptable et est une stratégie peu judicieuse. En tant que nation prospère, nous sommes signataires des accords qui nous obligent à partager le fardeau d’aider à soulager les souffrances du monde. Minimiser les mesures sur les réfugiés syriens en ce moment représenterait un rejet des valeurs canadiennes. Ce n’est tout simplement pas une option valable.
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Colin R. Singer, avocat est conseiller en droit de l’immigration à immigration.ca et l’associé gérant de SkilledWorker. Il est l’un des avocats corporatifs d’élite en immigration au Canada. Il est reconnu au niveau global comme une autorité expérimentée en matière d’immigration au Canada et de recruitement international. En plus d’être un professionnel agréé en ressources humaines, il est un avocat agréé en immigration, membre en règle du Barreau du Québec depuis plus de 25 ans. Il est autorisé par le gouvernement du Canada dans toutes les matières d’immigration.