Après plusieurs années à faire les éloges du Programme des travailleurs étrangers temporaires, le Ministre de l’Emploi, Jason Kenney, a soudainement claqué la porte devant l’utilisateur le plus actif du programme : l’industrie touristique.
Les statistiques démontrent que le Programme des travailleurs étrangers temporaires est graduellement devenu hors de contrôle. Malgré son caractère de programme de dernier recours, un emploi rémunéré sur cinq créé au Canada entre les années 2007 et 2012 a été comblé par un travailleur étranger. De plus, une augmentation de 140% du taux d’emploi des travailleurs immigrants a pu être observée entre 2005 et 2012. Même le C.D. Howe Institute a confirmé que le programme a causé une hausse du chômage.
Les preuves statistiques sont là depuis plusieurs années. Le secteur du tourisme seul a employé 45000 travailleurs étrangers en 2012, avec les employés immigrants comblant 40% des nouveaux postes depuis 2009. Une raison plus convaincante du soudain changement de Mr. Kenney est la diminution de l’appui politique au gouvernement.
Les conservateurs économiques, représentés surtout par le lobby des petites entreprises ont encouragé le programme des travailleurs étrangers temporaires comme moyen de réduire les coûts de la main-d’œuvre. Malgré la disponibilité de nombreux Canadiens sans emplois pour combler les postes, ce sont les travailleurs étrangers qui sont constamment embauchés, puisqu’ils n’ont pas accès aux protections légales complètes dont les Canadiens bénéficient et sont prêts à travailler pour un salaire moindre.
Les actes de Mr. Kenney sont très subjectifs. Il n’y a qu’une raison politique, non économique pour avoir mis en place le moratoire sur l’industrie de la restauration. Alors même qu’il annonçait cette action, Mr. Kenney défendait énergiquement le programme élargi des travailleurs étrangers temporaires.
La solution au dilemme de Mr. Kenney est l’augmentation de l’immigration permanente et l’attribution aux travailleurs étrangers des mêmes droits dont les Canadiens profitent. Cependant, cette méthode ne serait pas très populaire parmi les deux premiers intéressés : les lobbyistes d’entreprise recherchant de la main-d’œuvre au moindre coût et les conservateurs sociaux qui désirent une réduction de l’immigration.
Source : The Globe and Mail