Jason Kenney, le ministre de l’Immigration en 2011, avait interdit le niqab lors des cérémonies d’assermentation. Avant cette interdiction, le port d’un niqab dans ces occasions était parfaitement acceptable. Selon son argument (qu’il a donné au cours d’une interview en 2012), la prestation de serment de citoyenneté est « une déclaration de votre appartenance à la communauté et vous devez le faire devant vos concitoyens en public. »
Kenney a récemment tweeté son soutien à cette politique, lorsqu’une femme a formé une contestation devant les tribunaux au motif que l’interdiction de son droit de porter un niqab viole ses droits en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.
La position de Kenney est compliquée, puisque c’est lui qui avait l’an dernier, soutenu les droits des femmes à porter le niqab au travail après qu’un débat ait résulté du fait que les femmes qui sont des aidants aux enfants devraient être autorisés à porter le voile.
Beaucoup de Canadiens ont fait valoir que les personnes qui prennent soin des enfants d’autres personnes ne devraient pas porter des vêtements religieux ostensibles, en particulier quelque chose qui couvre leur visage. Cependant, la majorité a appuyé la décision des femmes. Kenney avait à l’époque fait la déclaration : « Nous croyons que la liberté de religion et de conscience sont des valeurs universelles. »
De nombreux Canadiens comme Kenney semblent croire qu’il est acceptable pour une femme vivant au Canada de porter un niqab, mais qu’il est inapproprié de le faire lors d’une cérémonie de prestation de serment de citoyenneté. Leur argument est que, depuis que le Canada est un pays multiculturel qui protège les libertés religieuses des citoyens, ce n’est pas trop demander pour les femmes musulmanes de mettre de côté ces libertés pour une occasion tout aussi important que le serment de citoyenneté. Ils disent que les femmes musulmanes doivent respecter la demande du Canada avec la même ouverture d’esprit avec laquelle le Canada est prêt à respecter leurs libertés religieuses.
Cependant, de l’autre côté, les détracteurs de l’interdiction estiment que la liberté religieuse est une liberté religieuse et pas quelque chose que l’on pratique seulement pour la commodité de la société au sens large. Les critiques disent que les tribunaux canadiens ont reconnu qu’il pourrait être essentiel de demander aux femmes musulmanes de retirer leur niqab lors de témoignages devant les tribunaux criminels, puisque faire autrement pourrait compromettre un procès équitable. Toutefois, soulignent-ils, la cérémonie de prestation de serment de citoyenneté ne requiert pas une telle interdiction.
Source: Globe & Mail