Le chemin vers un rétablissement de l’économie est rempli d’embûches. Il arrive qu’un magasin à grande surface comme Walmart ouvre un nouvel établissement et que 23 000 personnes postulent. Alors que la confiance dans le marché de l’emploi s’accentue, le rétablissement de l’économie est un véritable casse-tête de statistiques dans lequel les travailleurs qualifiés ne trouvent pas d’emplois et les emplois ne trouvent pas de travailleurs qualifiés.
En 2014, les chercheurs d’emplois sont confrontés à une ère où les reconversions professionnelles et les aptitudes spécialisées sont primordiales. Les capacités de plusieurs travailleurs sont maintenant obsolètes, alors qu’ils tentent de replonger dans le mode du travail, encouragés par le retour à la normale de l’économie.
Le directeur du développement économique de Mercer County, Jared Ebbing, rappelle que la route vers la restauration de l’économie est difficile. Il dit : » We have a lot of things going for us. What we need is someone who will give working in a rural location a shot. »
Dans cet état d’esprit, Jared a créée Hometown Opportunity, un site internet qui encourage les chercheurs d’emplois de Fort Recovery et des environs. Il dit : « I mean, we’re not in backwoods. People say we’re in the middle of nowhere, but I like to say we’re in the centre of everything. One-and-a-half hours from Columbus, Dayton, Cincinnati, Indianapolis, », bien que certaines villes dont il parle se trouvent à plus de deux heures.
Ebbing dit: « We’ve posted more thant 1400 jobs on Hometown Opportunities ». « Have you heard of Ferguson? It’s sort of like the Amazon of the plumbing world. » Une central a récemment ouvert ses portes près de Ferguson et emploie en ce moment des commis, des associés à la livraison, des ingénieurs et des préposés aux commandes.
Au club de bowling de Fort Recovery, durant les soirées de tournois, on peut voir beaucoup de gens portant des polos identiques discuter de leurs emplois à Ferguson, ou à J&M où ils construisent des chariots à grain, traitent du poulet et de la dinde, ou classent des œufs. La situation du marché du travail dans cette région a été catastrophique, avec un pourcentage d’emploi de 9% en 2010, mais la base agricole et alimentaire du pays l’a supporté et beaucoup s’entendent maintenant pour dire que si on désire un emploi, il est possible d’en obtenir un.
Gloria Burns est une des ces employés potentiels, elle passe une entrevue chez Perham Egg Ohio, elle souhaite devenir une vérificatrice de qualité des aliments. Avant son entrevue, elle a passé la fin de semaine à faire des recherches sur la compagnie. Elle a même apporté avec elle d’autres versions plus récentes de son curriculum vitae à l’entrevue. Elle se répète, en serrant la main de Bernie, l’homme qui s’occupera de son entrevue d’embauche, qu’il est important de le regarder dans les yeux.
Après s’être fait demander pourquoi elle est sans-emploi, elle explique que la compagnie pour laquelle elle travaillait précédemment a effectué des changements dans son personnel. Avant de perdre son emploi, elle avait permis à l’entreprise d’obtenir une note de 98% à l’inspection de qualité. C’était il y a 4 mois. Depuis ce temps, elle a tenté de revenir sur le marché du travail et cet emploi, avec un salaire de 45000$ par année, bien qu’inférieur à son ancien salaire, a beaucoup de potentiel.
Après l’entrevue, Gina retourne à la ferme sur laquelle elle vit, dans le comté voisin (Darke, qui a présentement un taux de chômage de 6.1%), elle retourne vers son mari, qui travaille à l’usine de Kitchen-Aid, à la vie qu’elle a tenté de remplir depuis la perte de son emploi. Elle enseigne les dimanches, est bénévole à l’école de son petit fils, continue ses études d’associée en ligne, fais des ménages à temps partiel et s’occupe de ses poulets, dont elle vend les œufs grâce à un signe qu’elle a placé près de la route.
Suite à une première entrevue réussie, Gloria est 20 minutes en avance pour sa seconde entrevue. Bernie a demandé à son collègue, Tim Zueger de les accompagner alors qu’ils effectuent une visite de l’usine, désirant l’avis d’une autre personne sur Gloria. Tim, qui a travaillé dans l’industrie de l’œuf toute sa vie, garde une certaine distance, alors que Bernie et Gloria parlent de leur intérêt commun pour la propreté.
« Vous procédez en 2 étapes? » demande Gloria.
« Trois étapes ».
« Et la troisième est la désinfection? »
« Un démontage complet », affirme-t-il
« Parfait, j’adore ça. »
Bernie mène Gloria vers une zone de construction incomplète de l’usine et la questionne : « J’ai décidé de retirer les travailleurs de ce secteur, savez-vous pourquoi? »
« La moisissure », répond-elle en pointant une petite trace grise sur le sol.
À la fin de la visite, Bernie laisse Gloria seule près d’un muret, avec une vue sur un océan de béton, de ruban de sécurité et d’immenses espaces vides qui seront, dans deux mois, l’endroit où des millions d’œufs seront cassés. Il revient quelques minutes plus tard avec une proposition.
« Seriez-vous intéressée à diriger cette usine? »
Ce n’est pas l’emploi pour lequel elle a postulé et pour lequel elle passe présentement une entrevue. C’est en fait un bien meilleur emploi, un poste qui ferait d’elle le patron.
« C’est merveilleux. » Gloria se fait la réflexion, alors que les mots sortent de sa bouche, qu’elle serait devenue serveuse si elle n’avait pas eu ce poste. Elle croyait que l’entrevue s’était bien passée, mais elle n’aurait jamais cru recevoir aussi vite une offre semblable. Bernie lui dit qu’il souhaite l’envoyer vers leur usine sœur au Minnesota pour une formation, aussi tôt que la semaine suivante. « Avons-nous un accord? », lui demande-t-il.
Gloria mentionne alors qu’elle aimerait vérifier les documents, qu’elle doit s’occuper de réserver des services pour le voyage, etc., mais Bernie l’interrompt : « Avons-nous un accord? », demande-t-il encore, lui tendant la main. Finalement, elle hoche la tête en riant.
Voici un emploi comblé de plus. Il en reste encore beaucoup, mais c’en est un de moins, alors que l’économie récupère.
« On se serre la main? », demande Bernie. Puis, Gloria lui serra la main.
Épilogue :
Alors qu’il se trouve au premier étage de l’usine d’œufs de Perham, Coyle, un autre employé, a dit cette semaine qu’il espérait engager encore 20 personnes avant la troisième semaine de juin.
L’ouverture de la nouvelle usine, le premier juin, avait été reportée, car la compagnie attendait l’obtention d’un permis pour installer une machine de traitement des eaux usées.
« Le délai n’est pas lié au manque de personnel », a dit Coyle, alors que les machines chargées de casser les œufs sifflaient au loin. Il s’est alors lancé dans un plan beaucoup plus efficace, dont le but était le recrutement du reste du personnel dont il avait besoin. Il a placé des annonces dans les journaux, à la radio et la semaine dernière, il a tenu une foire d’emploi à l’usine où près de 135 personnes ont assisté. Ce nombre a ensuite été limité à 40 personnes, les deuxièmes entrevues devant commencer cette semaine.
Source : The Toronto Star