Le président américain Barack Obama a annoncé des réformes en matière d’immigration historiques la semaine dernière, qui permettront à des millions d’immigrants illégaux dans le pays (environ 4,7 millions) d’éviter la déportation et de prendre des mesures pour obtenir la citoyenneté.
Selon les nouvelles réformes, toute personne qui a vécu aux États-Unis durant cinq ans, ou est un parent d’un citoyen ou un résident permanent des États-Unis peut maintenant demander la citoyenneté et éviter d’être déporté.
Alors que les réformes ont généré les critiques des Républicains, des militants de l’immigration estiment que ces changements ne sont pas majeurs. La question de l’immigration clandestine est aussi un sujet de préoccupation au Canada, bien qu’il soit discutable d’appliquer ici des réformes similaires à celles annoncées par les Etats-Unis.
Colin Singer, un avocat canadien en droit de l’immigration, estime que les réformes américaines sont une étape positive et dit que le gouvernement Harper devrait suivre l’exemple d’Obama, en mettant en œuvre des réformes similaires. Selon Me Singer, il y a 200 000 immigrants sans papiers au Canada, la majorité vivant à Toronto et aux environs. « Je crois qu’un programme d’amnistie pourrait être introduit en vertu d’un accord commun entre Ottawa et chacune des provinces, car elles ont toutes des accords d’immigration avec Ottawa », dit Me Singer.
Selon le Rapport du Comité sur l’immigration de 2009, de la Chambre des communes, il existe des différences significatives entre les populations immigrées illégales canadiennes et américaines. Alors que la plupart des immigrants sans papiers aux Etats-Unis sont entrés illégalement à travers sa frontière sud, la plupart des immigrants au Canada sont entrés légalement dans le pays, que ce soit en tant que touristes ou avec un visa de travailleur temporaire.
Le rapport indique, que : « différentes personnes réagissent différemment à être sans statut dans le pays. Certains cherchent à profiter du système de réfugiés et de l’aide sociale du Canada, en déposant des demandes d’asile fausses ou en cherchant à obtenir frauduleusement des prestations sociales. Périodiquement, les médias rapportent les histoires de gens ici illégalement et qui commettent des crimes et pourtant évitent la déportation. Moins souvent, nous entendons les histoires des milliers de gens qui travaillent sous la table et tranquillement peinent pendant des années, souvent à faire des emplois que les Canadiens refusent, alors qu’ils élèvent leurs enfants et essaient de s’intégrer dans la société canadienne ».
Le rapport souligne que ces immigrés invisibles et leurs familles sont soumis à plus d’abus que les travailleurs étrangers temporaires et qu’ils tolèrent tranquillement leurs conditions de travail inférieures aux normes, de peur d’être expulsés.
Me Singer croit que les immigrants illégaux qui travaillent actuellement au Canada pourraient recevoir des permis de travail temporaires de la part du gouvernement canadien. Ceux qui restent en règle pourraient demander la résidence permanente après une période de 12 à 24 mois.
Près d’un quart des immigrants illégaux au Canada pourraient faire usage d’un tel régime et apporter d’importantes recettes fiscales. « Cela pourrait représenter quelque 150 millions de dollars en impôts directs et en cotisations annuelles dans la première année seulement. De plus, ces personnes seraient éventuellement en mesure de parrainer les membres de leur famille immédiate, ce qui viendrait aussi augmenter les impôts sur le revenu, les taxes sur la masse salariale et l’impôt sur la consommation, au-delà des recettes fiscales sur le revenu. »
Le Canada a offert l’amnistie aux immigrants illégaux avant, mais cela n’a jamais été une réussite. Ces programmes ont souvent suscités des critiques comme quoi ils encouragent les étrangers à se soustraire aux règles et encourageng donc l’immigration clandestine.
Me Singer n’est toutefois pas d’accord avec cet argument. « La dernière amnistie au Canada, je crois, était dans les années 1980. Donc, un « nettoyage » une fois tous les 30 ans ou plus ne servira pas, à mon avis, à augmenter l’immigration illégale. Nous avons suffisamment de garanties et de restrictions de visa en vertu du gouvernement actuel pour assurer le statu quo pendant un certain temps », a-t-il fait valoir.
Selon un rapport publié par le Centre d’excellence conjoint pour la recherche en immigration et en intégration (CERIS), l’Université McMaster et le projet de mondialisation et d’autonomie, le Canada a lancé huit programmes distincts de régularisation entre 1964 et 2004. Le rapport indique que : « Cependant, rien n’a été mis en œuvre et les personnes sans statut au Canada n’ont actuellement presque aucune possibilité de régulariser leur statut d’immigration. Aujourd’hui, la seule option officielle pour les immigrants sans statut d’obtenir le statut est à travers une application humanitaire et de compassion. Avec un taux de réussite estimé de 5%, cependant, ce processus est évidemment loin d’être suffisant. »
Source: Yahoo Nouvelles